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Dylan Rocher : « La pétanque a changé d’image »

Le Manceau Dylan Rocher (29 ans) qui, depuis plusieurs années, incarne le renouveau de la pétanque française et mondiale, vient à Lanester, samedi et dimanche, pour s’offrir son troisième titre de champion de France triplette. Dans une Bretagne qui lui réussit bien, l’a vu naître et grandir, sportivement parlant.

 

Dylan Rocher apprécie la Bretagne : il sera à Lanester, ce week-end, pour tenter de décrocher un troisième titre de champion de France de triplette. Dylan Rocher apprécie la Bretagne : il sera à Lanester, ce week-end, pour tenter de décrocher un troisième titre de champion de France de triplette. (Photo PQR/La Provence/MAXPPP)

Jouer en Bretagne, ça vous va ?

Oh oui ! La Bretagne me réussit bien puisque j’y ai gagné mon premier titre de champion de France doublette en 2011 à Rennes. Puis, rebelote en 2016 à Lanester, avec Henry Lacroix pour notre première association. Depuis avec Henry, nous sommes invaincus avec quatre titres nationaux consécutifs. Surtout, j’ai le souvenir d’avoir jeté mes premières boules et de faire mes premiers entraînements dans le Morbihan, avec mon grand-père, car les parents de ma mère allaient tous les étés en vacances à Cromenach (à 30 km au sud-est de Vannes, près de Damgan).

 

C’est une famille qui joue beaucoup à la pétanque…

Oui. À ce qu’on dit, on serait la plus titrée d’Europe… En fait, c’est mon grand-père qui a ouvert la voie. Mon oncle et mon père lui ont emboîté le pas. Comme moi et mes frères. En tout, on totalise, six titres de champion du monde, 13 de champion d’Europe, 25 de champion de France.

De quoi êtes-vous le plus fier ?

D’avoir conquis tous les titres de champions de France (tête-à-tête, doublette, mixte, triplette), plus le titre de champion du monde (triplette en 2012 et 2018), y compris celui de tir de précision (2018). Nous ne sommes que quatre ou cinq dans ce cas. Dont mon père ! Même le meilleur joueur de l’histoire, Philippe Suchaud, il lui manque le tête-à-tête. Ça, j’en suis fier !

Le France de triplette, c’est le Graal de tout joueur de pétanque

À quel moment de votre carrière vous êtes vous senti le plus fort ?

Lors du championnat du monde 2012 à Marseille (triplette) devant 12 000 personnes. C’était mon premier et j’étais au sommet de mon art. Il ne pouvait rien m’arriver. C’était mon titre, mon moment. Je pouvais faire ce que je voulais avec mes boules.

Que représente le championnat de France de Lanester dans votre saison ?

C’est ce qu’il y a de plus important. Et c’est le plus dur aussi car n’y figure que des champions départementaux ou régionaux (sauf cette année, exceptionnellement les championnats de Ligue n’ayant pas eu lieu). Le France de triplette, c’est le Graal de tout joueur de pétanque, comme pour nos clubs. Le mien, - Fréjus International Pétanque - met énormément de choses en place pour que l’on puisse être performant. Avec mes partenaires (Henry Lacroix et Stéphane Robineau), on aurait aimé réaliser le triplé en 2019, après avoir gagné en 2017 et 2018. Donc, on sera un peu revanchards. Nous ne sommes pas rassasiés, d’autant plus qu’on n’a quasiment pas joué l’année dernière et que, cette année, ça a été compliqué aussi. On est motivé pour cette édition 2021 !

La covid 19 peut-elle balayer la hiérarchie établie ?

Bien sûr, pour ma part déjà, j’ai du mal à me remettre dans le bain alors que nous étions très bien lancés avec mon équipe avant tout ça. Depuis 2014, j’avais aussi chaque année glané un titre national et on venait de gagner le circuit PPF (Pétanque passion française). Là, il faut retrouver des automatismes et c’est dur d’être régulier sur l’ensemble d’une compétition. Mais c’est pour tout le monde pareil. En revanche, cette pause a fait du bien à mes articulations et à la motivation. C’est juste que notre bon rythme a été brisé.

Dans un été, je parcours environ 30 000 km, juste pour les compétitions. Dès dimanche soir, j’ai 1 000 bornes au menu pour rejoindre Le Dévoluy

À quel moment de la saison vaut-il mieux affronter Dylan Rocher ?

C’est vrai qu’en période estivale, les compétitions s’enchaînent et ça peut être compliqué au niveau de la nutrition, sans compter les kilomètres que l’on enfile. Désormais, il n’y a plus de coupure et ça m’est arrivé de jouer 25 jours de suite. Dans un été, je parcours environ 30 000 km, juste pour les compétitions. Dès dimanche soir, j’ai 1 000 bornes au menu pour rejoindre Le Dévoluy (près de Gap, dans les Hautes-Alpes). Et c’est plus fatigant de conduire que de jouer ! Mais, c’est une question d’habitude. Je le fais tous les étés depuis une dizaine d’années…

Aussi, je pense qu’il vaut mieux nous affronter en cours où à la fin de l’été. Car, à force d’enchaîner les compétitions, on peut arriver à saturation physiquement et mentalement et traverser des périodes de méforme.

Vivez-vous de votre sport ?

Non. Nous, les meilleurs joueurs mondiaux avec Quintais, Suchaud etc., nous avons tous un job à côté. Maintenant, j’ai un statut de sportif de haut niveau qui me permet d’être libéré pour les compétitions. C’est super, ça me permet de pratiquer ma passion. En revanche, la pétanque m’a ouvert beaucoup de portes. J’ai fait le tour du monde grâce à elle, j’ai rencontré mon épouse, j’ai trouvé mon travail (à l’agglomération de Valence-Romans). Mais c’est encore compliqué d‘en vivre.

La pétanque a raté son entrée aux JO à Paris 2024…

C’est un sport français à la base, populaire en France. On pensait avoir nos chances. Je suis déçu. Les JO, c’est énorme. Cela aurait pu propulser la pétanque. Cela nous aurait peut-être permis de passer au professionnalisme. Désormais, je nous vois mal entrer dans le programme olympique. J’espère me tromper. Mais je ne pense pas le voir de mes yeux…

Quels seront, selon vous, les plus grands rivaux de la France dans les prochaines années ?

La Thaïlande, Madagascar, d’autres pays asiatiques comme le Vietnam ou le Cambodge qui sont déjà très forts et qui progressent à grande vitesse. Sans oublier la Belgique ou l’Italie. Notre avantage en France, c’est d’avoir beaucoup de grosses compétitions, avec un gros vivier de joueurs.

La pétanque a changé d’image. Quand j’étais à l’école, je n’osais pas dire que j’en faisais. C’était un sport de vieux, de fainéants, avec le bob, la boisson anisée… Aujourd’hui, sur Facebook, j’ai 100 000 abonnés

Le professionnalisme, c’est la prochaine étape ?

Les JO, c’est cuit. Le professionnalisme, j’ai encore bon espoir parce que la pétanque est de plus en plus médiatique, avec la chaîne L’Equipe 21. Sur les réseaux sociaux, je vois de plus en plus d’engouement et à travers toutes les tranches d’âge. Personnellement, je fais en plus des séminaires d’entreprise, des stages d’initiation. Si un jour un gros sponsor arrive, on pourra peut-être devenir pros… Il faudrait créer des catégories comme dans les autres sports, une Ligue 1, une Ligue 2, etc. Pour l’instant, c’est trop dispersé. Mais tout le monde aime la pétanque… Il y a déjà eu une évolution. La pétanque a changé d’image. Quand j’étais à l’école, je n’osais pas dire que j’en faisais. C’était un sport de vieux, de fainéants, avec le bob, la boisson anisée… Aujourd’hui, sur Facebook, j’ai 100 000 abonnés, sur Instagram, 27 000… On me reconnaît dans la rue. Ça commence à être le sport fun, branché de l’été, auquel tout le monde peut et veut jouer.

 

- Article : le télégramme de Brest du 23 juillet 2021

 

 

 


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